Nous préférons le train !

11 à 15 milliards d’euros… pour quelle utilité collective ?
La réalisation du projet de Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) est aujourd’hui estimée, selon les scénarios, entre 11 et 15 milliards d’euros. Objectifs : résoudre les problèmes récurrents de la liaison Paris-Caen-Cherbourg (retards, avaries, engorgement…) et raccourcir le temps de parcours entre Paris et la Normandie.
Pour Europe Ecologie – Les Verts, on peut faire autrement, et pour des coûts très inférieurs.
Car les enjeux prioritaires sont ailleurs, et les solutions nécessitent de ne pas sacrifier tous les moyens publics sur un seul projet : les bas-normands, dépendants dans leur écrasante majorité de la voiture individuelle pour leurs déplacements quotidiens, attendent d’autres réponses. Une politique de mobilité utile à tous, c’est une politique qui développe tous les modes de déplacement alternatif à la voiture (covoiturage, TER, transport collectif routier, autopartage, modes doux…) et qui ne sacrifie l’argent public pour gagner 15 à 30 minutes sur une seule ligne.
Nous ne voulons pas sacrifier la mobilité de tous au nom de la mobilité de quelques-uns !
Les problèmes de 2020 ne seront pas résolus avec les idées de 1980
Le projet pharaonique de Ligne nouvelle n’est justifié que par l’obsession d’aller plus vite, alors que les usagers eux-mêmes voudraient surtout arriver à l’heure, et dans des conditions de confort moins dégradé. La LNPN est un projet déjà dépassé : construit sur l’imaginaire de la grande vitesse et sur l’idée que les problèmes de mobilité se concentrent sur les grands axes, alors que c’est sur les courtes et moyennes distances, sur les trajets du quotidien, qu’il est urgent de répondre. Les moyens qu’on veut consacrer à la LNPN, c’est à l’entretien et au renforcement du réseau existant qu’ils doivent être utiles, pour un service ferroviaire régional dense et de qualité qui permette aux bas-normands de choisir le train pour leurs déplacements quotidiens.
Les transports sont le second budget de dépense des familles.Dans une région rurale encore fortement marquée par les inégalités sociales et la pauvreté, il est indispensable de répondre aux enjeux de mobilité pour tous et partout : développement des transports collectifs, amélioration de l’offre ferroviaire, relocalisation des services dans les villes et les bourgs. Au vu de la crise climatique et dans un contexte où l’énergie est toujours plus chère, la priorité est à l’investissement au plus près du quotidien des habitants de la région.
Les usagers… vraiment gagnants ? Et le prix du billet ?
Les expériences récentes de nouvelles lignes LGV le montrent : la conséquence majeure pour l’usager, c’est l’augmentation des coûts ! Le pire serait, par surcroît, que le projet soit confié à un partenariat public-privé (PPP), brisant encore un peu plus un service public déjà mis à mal par l’obsession de la seule logique comptable (réservation obligatoire, augmentation du prix des billets et des services, affaiblissement de la desserte sur les gares moins fréquentées…).
Le boom pour l’économie locale ? Un fantasme
Aucune étude n’a pu prouver les bénéfices de tels équipements sur l’emploi et l’économie d’un territoire. Au contraire : plusieurs études tendent à montrer que l’arrivée d’une ligne grande vitesse dans une région peut provoquer sa désertification économique, une hausse du prix de l’immobilier et l’accroissement des inégalités d’accès au logement. (citer une source ici serait utile) Alors que l’urgence est à l’invention d’un nouveau modèle économique (plus local, plus social, plus créateur d’emploi), le culte des grandes infrastructures type LNPN témoigne surtout d’un grand manque d’imagination.
Le ferroviaire français est à bout de souffle… Merci de ne pas aggraver la maladie !
Plombé par un endettement massif, par le fléchage de tous les moyens vers les lignes à grande vitesse et le manque historique d’investissements sur le réseau secondaire, le système ferroviaire français n’a pas besoin d’une nouvelle fuite en avant ! En Basse-Normandie comme ailleurs, la priorité est de répondre à l’urgence, de desserrer la contrainte qui pèse au quotidien sur des millions de voyageurs. Cela supposera déjà de lourds investissements, qu’il serait irresponsable de ne pouvoir engager parce que les moyens auront été sacrifiés dans des équipements de prestige.
NOS PROPOSITIONS
Oui, il faut améliorer la liaison Paris-Normandie, au plus vite. Pour Europe Ecologie – Les Verts, cela implique de :
Mais il faut aussi conforter l’offre ferroviaire régionale :
- Définir un nouveau projet réaliste, concret et utile en pensant le financement du rail par la route
- Désengorger la ligne actuelle aujourd’hui totalement saturée sur la partie Ile-de-France, en concentrant prioritairement les moyens sur le secteur Paris – Mantes-
- Développer le service par le renforcement des dessertes et l’élargissement de l’amplitude horaire
- Relancer les projets de réouverture de lignes : rouvrir une liaison ferroviaire entre Caen et Flers, c’est près de 200 fois moins cher que la LNPN
Création de nouvelles haltes ferroviaires, notamment aux abords des agglomérations
Développer les services d’intermodalité à proximité des gares
Poursuivre la rénovation des gares, notamment la politique d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite