Le billet de Mounir Satouri : Migrations : comment lutter contre un fantasme ?

Projet de loi immigration : la spirale irrationnelle anti-réfugiés sape les droits humains qui font la base de notre société.
La nature même du projet de loi immigration porté par Gérald Darmanin et Emmanuel Macron nous confirme qu’un piège mortifère se referme sur une partie de la classe politique française, à droite et jusqu’au centre.
Ce piège est électoral : il consiste à courir après une extrême droite qui, sondage après sondage, se rapproche toujours plus du pouvoir. Il est aussi moral et culturel : il légitime une logique de martyrisation des étrangers qui sape les droits humains au fondement de notre démocratie.
Si l’objectif officiel du gouvernement est de lutter contre les “appels d’air” - autrement dit, de stopper les flux migratoires (comme les 28 lois déjà promulguées depuis 1980) sa méthode consiste à “pourrir” la vie de celles et ceux qui n’appartiennent pas à la nation française. Dans la version la plus dure, élaborée au Sénat, la loi prévoit un florilège de misères consistant à conditionner les prestations sociales pour les étrangers réguliers, à remettre en question le droit du sol, à instaurer un délit de séjour irrégulier, à limiter le droit d’hébergement d’urgence, à durcir le droit au regroupement familial, ou à refuser de donner des papiers à des personnes travaillant depuis des années en France.
La droite et le gouvernement seraient donc prêts à ne plus soigner des malades, à séparer des familles, à maintenir des travailleurs indispensables dans la clandestinité. Ils seraient prêts à inscrire l’inhumanité dans la loi.